Commentaire de marché - T1 2023

03/05/2023
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T1 - 2023

Les statistiques économiques publiées au cours du premier trimestre 2023 décrivent une croissance faible dans la plupart des pays. Les marchés veulent croire à un scénario d’atterrissage en douceur des économies en 2023. Cela est nettement plus positif que les craintes de recessions exprimées au dernier trimestre 2022. 
Autre facteur d’optimisme pour les investisseurs : la baisse de l’inflation. Aux États-Unis, elle s’établit fin mars à 5.0%, en baisse continue depuis le niveau haut de juin dernier à plus de 9%. En Europe, cette décrue est plus récente mais néanmoins substantielle. L’inflation s’inscrit à 6.9% en mars contre 10.8% en octobre dernier. Cette détente de l’inflation avait en janvier réveillé les espoirs que les banques centrales pourraient prochainement assouplir le biais restrictif de leur politique monétaire. Mais malgré des rythmes de croissance économique très faible et en dépit de conditions monétaires restrictives dans les principales zones économiques, le marché de l’emploi reste très solide et les salaires progressent. 


Conséquence de cela, les ménages arrivent globalement à absorber les hausses de prix. Ainsi, si l’inflation globale baisse de façon très nette, il en va autrement de l’inflation de base (celle qui exclut les éléments les plus volatiles). Cette dernière reste très élevée et clairement trop forte aux yeux des banquiers centraux. En février, les banquiers centraux ont ainsi réitéré leur inconfort devant cette situation et se sont montrés fermement décidés à continuer de durcir les conditions monétaires.  Mais, en mars, l’actualité des marchés s’est brutalement focalisée sur le secteur bancaire, avec des événements qui ont réveillé le spectre de la grande crise financière de 2008. Aux Etats-Unis, une banque régionale, la Silicon Valley Bank a fait faillite.
En Europe, le Crédit Suisse a pu éviter la faillite grâce à son rachat en urgence par son compatriote UBS dans le cadre d’une opération financée par le gouvernement suisse, avec l’appui de la Banque centrale suisse. 


De chaque côté de l’Atlantique, ces interventions en urgence des autorités ont pu apaiser les inquiétudes sur une contagion systémique. L’aversion au risque qui avait bondi à la suite de ces événements, est revenue à la normale en fin de mois. Malgré ce calme retrouvé, les marchés font désormais le pari que les vulnérabilités du secteur bancaire vont amener les banquiers centraux à assouplir les conditions monétaires. 


Pour les investisseurs, le scénario central reste une croissance faible, couplée avec des conditions monétaires plus accommodantes.

Ces éléments expliquent la bonne tenue des marchés actions au cours du 1er trimestre. Les principaux indices ont ainsi enregistré des hausses significatives. Le CAC 40 progresse de 13,1%, tiré par le secteur du luxe, les cycliques suite au déconfinement de la Chine et par  l’espoir de banques centrales plus accommodantes. Le S&P est en hausse de 7% et le Nasdaq de 16,7%
Notre fonds MW Actions Europe profite de cette embellie avec son positionnement valeurs de croissance en progressant de 16%. 
Concernant les marchés obligataires, les changements d’anticipations sur les politiques monétaires des banques centrales ont généré beaucoup de volatilité sur les taux. Mais au final, sur le trimestre, on constate une légère baisse des taux. Ainsi, le taux américain à 10 ans recule de 40 points de base (pbs) à 3.45%. Mouvement similaire pour le taux allemand à 10 ans en baisse de 30 pbs à 2.30%. Sur le marché de la dette privée, les primes de risque se sont détendues jusqu’aux événements bancaires de mars, puis de nouveau écartées. Sur le trimestre, les spreads de crédit sont globalement inchangés. Le spread IG en € clôture le trimestre à 170 pbs, en légère hausse de 3 pbs. 
En termes de perspectives, nous maintenons une opinion négative sur l’économie mondiale et pensons que les risques de récession sont très élevés. Certes, les banquiers centraux pourraient être amenés à adopter des conditions monétaires plus accommodantes mais cela se fera dans un cadre économique difficile. Ces anticipations nous invitent à conserver des stratégies défensives sur les marchés actions. Plus que jamais, notre gestion doit faire preuve de souplesse et de sérieux. Nous maintenons un choix marqué pour les valeurs de qualité au sein de nos allocations actions. Nous sommes également convaincus que cela va pouvoir amoindrir la dynamique inflationniste et amener graduellement les banques centrales à une attitude plus neutre. Dans ce cadre, les marchés obligataires font apparaitre un favorable couple rendement/risque et doivent donc être privilégiés.
Notre fonds MW Obligations Internationales est en hausse de 2% et notre fonds MW Patrimoine de 3,2%
Nous avons été prudents depuis la fin 2022 en accroissant les positions de cash et en investissant celui-ci en fonds monétaires et en dette allemande offrant un rendement de plus de 3% annuel. Nous nous laissons porter sur les grandes valeurs de fonds de portefeuille telles Air Liquide, l’Oréal, Hermès, LVMH, Nestlé, Essilor……
Nous conserverons cette poche prudente dans l’attente d’un retournement de marché pour pouvoir réinvestir.  

Cyril Deblaye, Président directeur Général de MW Gestion 
Rédigé le 10 avril 2023