EXPLIQUE MOI LA GESTION #8 : Fed…attention à toi !

03/10/2025
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Par leurs missions, les banques centrales jouent un rôle prépondérant dans les politiques monétaires des Etats en assurant par exemple la stabilité des prix, le plein emploi ou la stabilité financière pour favoriser au final la prospérité économique.
Les marchés boursiers sont sensibles à leur politique monétaire. En effet, par leurs actions sur les taux ou leurs interventions sur les actifs financiers, elles affectent directement les conditions de crédit, les rendements obligataires et, par ricochet, les marchés actions.
La Réserve Fédérale américaine, plus communément appelé la Fed, est la banque Centrale la plus influente au monde puisqu’elle agit au sein de l’économie la plus puissante de la planète.
Les investisseurs sont donc particulièrement attentifs aux décisions de la Fed pour anticiper et ou prendre des décisions d’investissement car ils savent que les actions de la Fed ne laisseront pas indifférents les marchés.
Dès lors, il est risqué, voire imprudent, pour les investisseurs d’adopter une stratégie qui va à l’encontre de la politique monétaire de la Réserve Fédérale américaine.
Cet état de fait est résumé par un célèbre adage boursier ; « Don’t fight the Fed ».


Pourquoi il faut éviter de lutter contre la Fed ?
• Quand la Fed assouplit sa politique par des baisse des taux ou des injections de liquidité :
Elle rend l’argent moins cher, stimule la demande et favorise la hausse des marchés. Miser sur une baisse des actions dans ce contexte revient à « combattre » un vent favorable très puissant.
• Quand la Fed resserre sa politique monétaire par des hausse des taux ou une réduction de son bilan :
Elle rend le crédit plus coûteux, ralentit la croissance et exerce une pression baissière sur les actifs risqués. Parier sur une hausse durable du marché actions à contre-courant est donc périlleux.
Les marchés financiers US étant les marchés directeurs, il s’ensuit une évolution similaire en général sur les autres bourses mondiales.


La Fed : suivre aveuglément ou garder du recul ?
La semaine dernière, la Fed a encore baissé son principal taux directeur de 0,25 %, le ramenant à 4,25 %. Une décision largement anticipée par les marchés, déjà proches de leurs plus hauts historiques. Mais faut-il vraiment se fier aveuglément à l’adage « Don’t fight the Fed » ?
L’histoire montre que les interventions fortes de la Fed ont souvent marqué les marchés. En mars 2020, face au Covid, ou après le krach de 1987, elle a rapidement baissé ses taux et injecté des liquidités massives. À chaque fois, l’indice S&P 500 est reparti à la hausse, entraînant les bourses mondiales dans son sillage.
Ces épisodes rappellent que la Fed peut jouer un rôle décisif… mais que son action n’est jamais une garantie automatique de gains pour les investisseurs.

 

 A contrario, on a pu observer que des baisses de taux sur une longue période n’ont pas été suivies d’effets mécaniques à la hausse par les marchés américains.
La politique monétaire agit en effet souvent avec retard, un délai qui peut s’étaler entre 6 à 18 mois avant que les premiers effets bénéfiques se fassent sentir :
• Exemple : la Fed peut baisser ses taux, mais l’économie réelle mettra du temps à redémarrer.
• Pendant ce délai, les marchés peuvent chuter malgré un assouplissement monétaire.


Aussi, des facteurs exogènes influencent les marchés malgré l’action de la Fed :
• Chocs géopolitiques (guerres, crises énergétiques).
• Crises financières spécifiques (faillites bancaires, bulle immobilière).
• Facteurs structurels (productivité, démographie, innovation).


Ainsi, suivre la Fed ne suffit pas toujours pour prévoir correctement la tendance.
Après l’éclatement de la bulle des valeurs technologiques au premier trimestre 2001, les baisses successives de la Banque Centrale américaine ont été inopérantes pour éviter une baisse profonde du marché américain jusqu’en septembre 2002.


Cette incapacité de la Fed à enrayer la chute des marchés s’est aussi vérifiée lors de la crise des subprimes en 2007, et plus encore après la faillite de Lehman Brothers en septembre 2008.
Il a fallu attendre mars 2009 pour voir les marchés se stabiliser, puis repartir durablement à la hausse.

L’adage reste pertinent, mais il a ses limites
Les marchés anticipent souvent les décisions de la Fed : ils peuvent monter avant une baisse des taux ou corriger avant une hausse. Le véritable enjeu n’est donc pas seulement de suivre la Fed, mais d’anticiper ses mouvements.
La banque centrale américaine exerce une influence énorme, mais elle n’offre ni garantie absolue ni stratégie clé en main. Pour les investisseurs, elle doit être vue comme une boussole essentielle, à compléter avec l’analyse des attentes de marché, du timing et des chocs extérieurs.