MACRO - Baisse des taux : une bonne nouvelle ?

30/09/2024
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Dernière des principales banques centrales à entamer son cycle d’assouplissement monétaire, la Réserve Fédérale américaine a procédé le 18 septembre dernier à sa première baisse des taux (0.50%) depuis plus de quatre ans. La banque centrale européenne (BCE) avait en juin et septembre procédé à deux baisses de taux de 0.25%. La banque d’Angleterre (BOE) avait, elle, abaissé son taux directeur en juillet de 0.25%. Ces baisses de taux interviennent après une séquence de fort durcissement monétaire en 2022 et 2023. Sur cette période, la BCE avait ainsi « durci » ses conditions monétaires de 450 pbs, la BOE de 515 bps et la Fed de 525 bps. Cela était une réponse à l’envolée des chiffres d’inflation qui ont culminé en 2022 à des niveaux jamais depuis plus de quatre décennies. Les banquiers centraux ont encore le souvenir de l’hyper-inflation des années 70 et ont fait montre d’une forte détermination à lutter contre ce phénomène.

 

Ce récent relâchement monétaire est permis par le net reflux de l’inflation. Par rapport aux niveaux stratosphériques atteints en 2022 (9.2% aux US et 10.6% en zone euro), les derniers chiffres sont effectivement très rassurants (2.5% aux US et 2.2% en zone euro). La bataille de l’inflation est-t-elle gagnée ? C’est ce que semble penser les marchés en anticipant une poursuite significative des baisses de taux directeurs. Les marchés anticipent notamment 8 baisses de taux de 0.25% d’ici un an. On notera que l’inflation « cœur », c’est-à-dire retranchée des éléments les plus volatils comme l’énergie, semble se stabiliser à un niveau élevé : 3.2% aux Etats-Unis et 2.8% en zone Euro. Ce qui a permis une franche baisse de l’inflation globale, c’est le recul marqué des prix énergétiques (-4% sur un an). La volatilité des prix de l’énergie doit amener à une certaine prudence. C’est précisément la pression monétaire sur les économies qui a permis – pour partie – ce recul des prix de l’énergie. Un relâchement trop fort et trop rapide des taux pourraient potentiellement recréer un environnement propice à un réveil de l’inflation et donc à un environnement monétaire plus restrictif qu’anticipé. Sans compter sur l’impact que pourraient avoir une amplification des tensions géopolitiques.

Malgré les récentes baisses de taux, l’environnement monétaire reste restrictif. Cela a largement participé à un ralentissement économique dans les principales zones : Europe, Etats-Unis et Chine en premier lieu. Globalement, les secteurs industriels sont en récession. Les rythmes économiques sont aujourd’hui soutenus par les secteurs des services et notamment par la consommation des ménages. Mais ces derniers semblent commencer à peiner à maintenir leur rythme de consommation.

En résumé, que ce soit sur l’inflation ou la croissance, les incertitudes sont nombreuses. Nous marchons sur un chemin de crête assez étroit. Les marchés font le pari que le problème de l’inflation est réglé, et que par conséquence les détentes monétaires vont se poursuivre et ainsi faire reculer les risques de récession. Nous pensons que ce scenario « idéal » est loin d’être acquis.