Commentaire de marché - T3 2023

25/10/2023
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En mars, la faillite d’une banque régionale aux US et le sauvetage en urgence de Crédit Suisse par son compatriote UBS avaient entraîné un vif rebond de l’aversion au risque. Hormis ces quelques jours en mars, le calme règne sur les marchés financiers depuis le début de l’année et le troisième trimestre n’a pas fait exception. 

Les marchés actions européens ont évolué dans un tunnel horizontal très étroit. La bande de fluctuation entre les points bas et les points hauts est en effet de l’ordre de 5%. La volatilité des marchés, qui est un fidèle reflet de l’aversion au risque des investisseurs, est restée, à l’exception de mars, à un niveau très bas. Qu’est-ce qui peut expliquer et justifier ce calme apparent ? 

Les motifs d’inquiétudes ne manquent pourtant pas. Dans la plupart des pays développés, l’inflation a bondi en 2022 à des niveaux jamais vus depuis quarante ans. Certes, depuis ces pics autour de 10% en Europe et aux Etats-Unis, elle est redescendue vers 4%. Mais elle semble, pour l’heure, se stabiliser sur ces niveaux qui sont très largement supérieurs aux objectifs des banquiers centraux (2%), obligeant ces derniers à maintenir des conditions monétaires restrictives. Outre l’inflation, la dynamique économique en Europe est inquiétante. La plupart des statistiques décrivent en effet une décélération marquée de l’activité économique. Les perspectives économiques ne sont pas plus engageantes en Chine, dont le rebond post-covid s’est vite essoufflé. On ajoutera à cette liste de problèmes la situation délicate des comptes publics de nombreux pays, notamment en Europe après le dérapage budgétaire du « quoi qu’il en coûte » pendant la période Covid. La géopolitique n’amène pas non plus à l’optimisme, avec les tensions récurrentes entre la Chine et les Etats-Unis, la situation en Ukraine et plus récemment les événements aux Proche-Orient. 

Alors, qu’est ce qui explique cette tranquillité des marchés au regard de toutes ces problématiques ? Pourquoi ce paradoxe ? L’une des explications est la croyance des investisseurs qu’une inflexion économique se traduira par une baisse de l’inflation et donc une pression monétaire moins forte. Réciproquement, les bonnes nouvelles économiques s’accompagnent d’une crainte sur l’inflation et donc de perspectives monétaires plus restrictives. Ce paradoxe repose en définitive sur cet équilibre entre l’économie et les banques centrales.

Cette vision optimiste des marchés nous semble être un pari risqué

Certes l’inflation a nettement reculé au cours des derniers mois ; de 9.2% à 3.7% aux Etats-Unis et de 10.7% à 5.2% en zone Euro. Mais l’inflation « cœur », c’est-à-dire retranchée des éléments les plus volatils comme l’énergie, semble se stabiliser sur des niveaux très élevés : 4.3% aux Etats-Unis et 5.3% en zone Euro. Cette inflation « cœur » est alimentée par la consommation des ménages qui profitent d’un marché de l’emploi dont la solidité ne se dément pas. De plus, les prix de l’énergie – pétrole et gaz notamment – ont arrêté de baisser et ont même récemment eu tendance à remonter. Bref, la problématique de l’inflation ne nous semble pas encore résolue et pourrait amener les banquiers centraux à maintenir des taux hauts pendant une longue période, notamment aux Etats-Unis où la conjoncture économique reste assez robuste. L’autre pari des marchés est celui d’un atterrissage en douceur des économies. Ce pari est pour le moment plutôt crédible pour les Etats-Unis. En revanche, les derniers indicateurs économiques venant d’Europe ou de Chine sont peu engageants et le risque de récession n’est pas à exclure.

Les dernières statistiques montrent en effet une disparité de plus en plus grande entre le rythme économique des Etats-Unis et celui de l’Europe. Malgré des conditions monétaires franchement restrictives, la croissance américaine reste très solide. En Europe, au contraire, le durcissement de la politique monétaire commence à faire ressentir ces effets négatifs sur la croissance. Cela explique d’ailleurs la très bonne tenue du dollar au cours du 3ème trimestre. La parité euro/dollar passant sur la période de 1.10 à 1.06. 

Malgré cette divergence des rythmes de croissance, l’inflation reste un problème majeur des deux côtés de l’Atlantique. Aux Etats-Unis par exemple, l’inflation annuelle est repartie à la hausse en août, passant de +3.2% à +3.7%. Cette résistance de l’inflation oblige les banques centrales à maintenir des biais restrictifs. Après des hausses de taux directeurs très importantes au cours des derniers mois (+525 points de base aux US et +450 points en zone Euro), les marchés financiers comprennent que de nouveaux durcissements monétaires peuvent encore arriver. En conséquence, en fin de période, les taux d’intérêt ont repris le chemin de la hausse.  Sur le trimestre, le taux à 10 ans allemand progresse de 40 points de base à 2.80% et le taux américain à 10 ans clôture en hausse de 70 points à 4.50%. Ce rebond des taux d’intérêt s’est accompagné d’une hausse de l’aversion au risque et a entraîné une baisse des marchés actions. Finalement, au cours du 3ème trimestre, on enregistre une baisse de l’ordre de 4% à 5% pour les principales bourses. L’Eurostoxx50 recule de 5% quand le S&P500 enregistre une baisse de près de 4%.

En conséquence, nous maintenons une opinion prudente sur les marchés. Ces anticipations nous invitent ainsi à conserver des stratégies défensives sur les marchés actions, que ce soit dans le choix des valeurs et/ou dans nos expositions globales. 

Nous avons privilégié le monétaire, le secteur du pétrole avec Total, celui de la défense avec Thales, des couvertures et l’or et l’argent. Sur les marchés obligataires, nous conservons également une approche prudente qui nous conduit à privilégier les émetteurs de bonne qualité.

Nos fonds obligataire et patrimoine se tiennent bien sur les 9 premiers mois avec des hausses respectives de 3.03% et 3.19%.

Notre fonds MW Actions Europe progresse de 8,1% à la fin septembre 2023. Il reste investi sur les meilleures valeurs de croissance (Ferrari, LVMH, NVIDIA, ASML, Apple, Air Liquide, Dassault Système…) qui ont des bilans très sains avec peu de dette, des carnets de commandes remplis offrant visibilité et croissance. 

 

Cyril Deblaye, Président directeur Général de MW Gestion

Rédigé le 24 octobre 2023

 

 

 

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